Simonne MATHIEU

Championne de tennis et Résistante

 

Championne de tennis

Née à Neuilly-sur-seine en 1908, Simonne Passemard grandit au sein de la haute bourgeoisie. D’une santé fragile et chétive, elle s’exerce au tennis dès l’âge de 12 ans sur les conseils des médecins qui considèrent cette activité comme élégante et récréative pour les jeunes filles parisiennes.

A 15 ans, la jeune joueuse gagne un premier titre de « championne de France junior » sans que la presse ne relève l’exploit. Elle emportera ce titre à trois reprises. A 17 ans, elle épouse René Mathieu, futur patron du grand journal « Smach » dédié au tennis. Les journalistes imaginent alors que Simonne Mathieu va taire sa carrière de joueuse pour se consacrer à son rôle d’épouse et de mère. Mais les succès sportifs emmènent la sportive toujours plus haut dans les classements.

Encouragée par son mari, elle participe aux tournois du Grand Chelem, aux tournois de Roland Garros et accumule les titres mondiaux aux tournois internationaux, laissant aux arbitres des matchs le souvenir d’un caractère fort.

En septembre 1939, Simonne Mathieu, ayant gagné deux fois la finale de Roland Garros et affichant plus de treize titres de Grand Chelem à son palmarès, s’apprête à jouer l’Open de tennis aux Etats Unis. (crédit photo Gallica.BnF)

 

Auxiliaire dans l’armée britannique

Lorsqu’elle apprend la mobilisation générale en octobre 1939, Simonne Mathieu abandonne le tournoi de l’U.S. Open et s’embarque sur le Transatlantique pour retourner en Europe. En escale en Grande-Bretagne, une amie lui apprend que l’armée britannique accepte les engagées féminines, à la différence de l’armée française. C’est avec cette idée que Simonne Mathieu débarque en France et retrouve les siens, alors que le pays entame sa drôle de guerre.

En février 1940, plus que jamais patriote et déterminée, elle s’engage dans l’Auxiliary Territorial Service, le corps féminin de l’armée britannique, pour satisfaire son envie de « faire quelque chose » » comme disaient les Résistants de la première heure. Simonne Mathieu assume le rôle de traductrice et de conductrice, se déplaçant jusqu’au Pays de Galles. Au lendemain de l’appel du 18 juin, elle prend contact avec le général de Gaulle afin de le convaincre de créer un corps militaire féminin au sein de la France libre, ce qui n’est pas une mince affaire, car l’armée française ne mélange pas les genres.

 

Capitaine du corps militaire féminin de la France libre

Sa demande aboutit grâce au soutien de l’amiral Muselier. A partir du 7 novembre 1940, nommée capitaine de ce nouveau « Corps des volontaires françaises », elle recrute et gère plusieurs engagées au sein de la caserne située à Londres. Malgré les conditions strictes d’engagement, les recrues ont la liberté de sortir et de se rapprocher des hommes dont certains sont officiers. Ce qui ne donne pas d’autre choix à Simonne Mathieu que de tenir sa caserne avec autorité et fermeté.

Si on lui a souvent reproché son franc-parler, on lui reconnaît le courage dont elle a fait preuve lors de cette nuit d’avril 1941 où la caserne fut touchée par une bombe lors du Blitz. Simonne Mathieu, bien que souffrante, a secouru ses recrues. On comptera plusieurs blessées et une volontaire décédée cette nuit-là.

 

Auxiliaire au chiffre à Alger

Mais sa fermeté n’est pas appréciée de tous. Au bout d’un an, Simonne Mathieu est transférée au service des renseignements, Service du chiffre, à Alger, auprès du général de Gaulle qu’elle servira jusqu’à la Libération. Ce nouveau rôle qu’on lui assigne, témoigne de la confiance qu’on lui accorde au sein de la France libre. Certains diront qu’elle était au côté du général de Gaulle en 1944 lors de sa descente des Champs Elysées.

En 1947, elle reçoit une reconnaissance officielle des autorités françaises pour son action au cours de la Seconde Guerre mondiale : elle est médaillée de la Résistance. (crédit photo AFP).

 

Après la guerre
Entre 1945 et 1960, la championne de tennis est capitaine de l’équipe de France féminine de tennis puis préside la commission féminine de la Fédération de Tennis.
En famille, face à ses petits-enfants, elle évoque très peu son passé de championne ou de résistante. Seule une vitrine dans le salon, remplie de coupes, témoigne de ses exploits passés.
Décédée en 1980, Simonne Mathieu nous lègue le souvenir de beaux matchs gagnés lors de tournois « double dame » d’où la création d’un trophée en son nom en 1990, le double « n » ayant été oublié !
Enfin en 2019, à Roland Garros, le court Simonne MATHIEU situé dans les serres d’Auteuil et donnant l’impression de rentrer dans les jardins, est inauguré … le premier d’une série d’espaces tennistiques en France à porter son souvenir.(crédit photo AFP)

 

Montreuil-Juigné (près d’Angers – département 49) et Bernières-sur-Mer possèdent chacun un espace à son nom.